KoRn

Il était une fois KoRn. Bienvenue dans leur univers torturé et déchiré. Laissez vous entraîner dans les profondeurs de musiques puissantes, cinglantes, qui vous estomaquent par des riffs lourds, des sons qui tour à tour claquent et vous happent puis vous laissent muets. KoRn, retour sur le groupe qui a changé la donne de l'histoire du métal.

En ces débuts des années 90, le métal s'ennuie. Nirvana imprime de son sceau le grunge. Metallica nous endort avec une nouvelle couche de heavy commercial. Le rock se berce avec Guns 'n' Roses. Plus rien ne nous surprend vraiment. On est fan d'un style. Point. Ne cherchons pas à qualifier le commercial. Pourtant, tout là bas, dans une bourgade de Californie, Bakersfield, au nord-est de Los Angeles, un tremblement de terre est latent. C'est là-bas que le métal va connaître un tournant, annonçant la vague néo-métal qui surgira tel un raz-de-marée au milieu des années 90, initié par KoRn.

Au commencement

1991. KoRn n'existe pas encore. Les bases en seront pourtant jetées. Reggie Fieldy Snuts Arzivu, David Silviera, James Munky Shaffer forment autour de Richard Morales, au chant, LAPD. Premières tournées, où très vite un autre guitariste les rejoint : Brian Head Welch. Le son est plutôt influencé par Faith No More, dans une ville plutôt glam rock. Le groupe s'exile à Orange, et fait la tournée des clubs de Los Angeles. Il enregistre un trois titres puis un premier album avec un label indépendant. " Who's laughing now ? ". Succès moyen. Parallèlement, Jonathan Davis lui, s'essaye au chant avec un groupe plus gothique, entre Ministry et Pearl Jam : Sex Arts. Assez mauvais, on zappe.

1992. LAPD s'affirme musicalement. Mais le chanteur ne rend pas sur les qualités techniques du groupe. Head est définitivement intégré. LAPD laisse sa place à Creep. Reste à trouver " le " chanteur. C'est en écumant les clubs de Los Angeles que Munky et Head découvrent Jonathan Davis (HIV), à peine six mois de pratique à son actif. Déclic. Ils sont séduits, ils lui proposent de venir rejoindre Creep. Jon, qui n'avait rien à perdre (" je gagnais bien ma vie avec mon boulot d'assistant à la morgue "), accepte. KoRn is born.

1993. Rencontre avec Ross Robinson, jeune producteur, ancien guitariste, assistant ingénieur son sur les albums de Machine Head et Fear Factory. Il s'associe au groupe, et produit leur première véritable démo : " Niedereyer's Mind ". Elle comporte les désormais célèbres Blind, Daddy, Predictable, Et Alive (inédit). La démo est envoyée à plusieurs labels. Le patron et surfeur de son état, Happy Walters, d'une filiale de Sony, Elementree Records, repère le séisme Kornéen. Direction Indigo Ranche Studio, à Malibu. Sous la houlette de Ross Robinson, Korn travaille à son premier album. Korn par Korn. Néo-métal, métal alternatif… inclassable. La peur au ventre, Korn se lance dans l'arène.

"On savait que notre musique ne ressemblait pas à celles des autres. On avait peur. Peur que personne ne comprenne ce qu'on faisait et que les gens se demandent ce qu'était cette merde." (Fieldy) Une merde ? Foutaise ! Angoisse existentielle inhérente d'artiste perfectionniste, insatisfait devant l'éternel ! Comment ne pas être assommé par ce son bestial, sincère, tortueux et torturé. Tout transpire le mal-être, déchire au plus profond de son être par la puissance de riffs uniques et celle des chansons aux paroles intenses, reflet de l'existence traumatisée et de l'esprit blessé de Jon. KoRn entre ainsi dans l'histoire… définitivement.

Children of Korn

"Quoique nous fassions, c'est en pensant à nos fans" (Munky). Credo du groupe, les kids, comme ils les appellent affectueusement, constituent le 6ème pilier du groupe. La saga Korn ne peut s'évoquer sans les fans. La crédibilité et la notoriété de Korn se sont forgées par, pour et à travers eux. D'ailleurs, plus qu'un public, le groupe les considère comme partie intégrante de leur famille. "Je n'aime pas les appeler fans. Je préfère le terme de famille, mais si c'est un peu naze. Mais c'est comme ça que je vois les choses" (Fieldy). Jusqu'à " Follow The Leader ", on ne peut pas dire que le quintette ait été accueillie chaudement par la critique. Bruit et fureur, excessivité, agressivité, underground, Korn n'a jamais fait et ne fait toujours pas l'unanimité.

Mais, c'est pourtant sans le soutien des radios et de la sacro-sainte MTV, que le groupe s'est imposé sur la scène métal et, à fortiori, sur le marché. Et, quoi de plus rageant pour la critique qu'une reconnaissance et une consécration conférées par un public : Le bouche à oreilles de jeunes enthousiastes et, bien sûr, la force sans conteste du premier album ont " suffi " à l'éclosion du phénomène. Le reste relève de l'artifice : la sanction de l'avènement kornéen n'est qu'une résultante de la puissance scénique et du style d'un groupe qui est là pour jouer, pas pour se perdre en bavardage. Ce qu'ils ont à dire tient en leur musique.

Bien qu'ils soient particulièrement biens classés dans les revues musicales, les gens voient en eux un groupe commercial et un phénomène de mode, surtout via l'image véhiculée par les médias et leur style vestimentaire...Phénomène depuis bien et bien existant en ce qui concerne les pâles copies de Korn...Souvent imité, jamais égalé ! Puis début 1999, KoRn joue pour le festival du Big Day Out en Australie aux côtés de Marilyn Manson, Hole et Soulfly puis entame la tournée Rock Is Dead avec Videodrone et Rob Zombie mais la tournée européenne est malheureusement annulée... De nouveau un autre papa: Head (magnifique petite fille !)

En juillet 1999, lors de la 3ème édition du Woodstock festival à New York, le groupe dévoile quelques titres de leur prochain album "Issues" produit et mixé par Brendan O'Brian. Un concours est alors lancé pour le design de la pochette et c'est un certain Alfredo Carlos qui le remporte avec la fameuse pochette de la peluche éventrée s'installant parfaitement dans le style artistique de KoRn. Pour cet album, sortant en novembre 1999, KoRn remet les compteurs à zéro, le style garde un coté sombre mais la voix de Jonathan enrichit sa palette et la musique joue de plus en plus sur le calme et le violent. Le fameux "Somebody someone" n'est pas sans rappeler "Ball tongue" pour le refrain final sur lequel Head pose la chansonnette.

Le groupe met donc fin à sa tournée de concerts le 18 août 2000 au Starlake Amphitheatre de Pittsburgh et rejoint donc les studios d'enregistrement à l'automne 2000 pour un cinquième album dont le producteur est désormais Michael Beinhorn (Marilyn Manson, Hole, Red Hot Chili Peppers, Soundgarden...). On ne reverra pas le groupe sur scène avant le 2 mars 2002, soit près d'un 1 an 1/2 après, au Foro Sol de Mexico City où ils joueront pour la première fois en live le morceau "Here To Stay", morceau qui deviendra par la suite le premier single d'"Untouchables". Entre temps, très peu d'infos circulent concernant l'album, Jonathan posera pour le magazine Revolver arborant un nouveau style très sombre, s'étant même laissé pousser provisoirement un bouc. Il fera également quelques apparitions sur le net dans le KoRn KoRner, le chat officiel du site du groupe où il répondra aux questions des fans.

Untouchables

Mais en 2001, c'est presque le vide total tant on a peu d'informations sur le groupe. Fieldy, quant à lui, sortira son album solo intitulé "Fieldy's Dreams" en janvier 2002 aux tendances très hip-hop. On saura bien plus tard que le cinquième opus de KoRn sera enregistré à Phoenix en Arizona, le groupe ayant décidé de quitter provisoirement Los Angeles pour ne pas se créer de pressions supplémentaires & se libérer l'esprit. C'est seulement au début de l'année 2002 qu'on apprendra le nom de l'album "Untouchables". Munky se ferait même fait pirater son ordinateur personnel et 14 titres de l'album (en demo version) seront ainsi disponibles sur le net quelques trois mois avant la sortie annoncée. L'album quant à lui rencontre un bon accueil de la part du public...

Après quelques dates en Amériques du Sud et Centrale, le groupe joua quelques dates sur le sol nord-américain. S'en suit une petite tournée européene dont quelques dates prestigieuses (notament aux gros festivals saisonniers comme le Bizarre festival en Allemagne ou le Lowlands aux Pays Bas). Le groupe acheva son "Untouchables tour" en Europe à Paris pour un superbe concert ! Après un petit break, le groupe est reparti en Kampaign aux USA avec la "Pop sux tour". Mini tournée américiane intterompue le 5 décembre 2002 pour cause de risque de lésion des cordes vocales de Jonathan Davis.

La " fuck attitude " du système dessert le groupe. Mais, crédible, sincère dans l'expression de leur univers, ils ont convaincu les fans sans cesse plus nombreux. Pour toutes et tous, fans de la première heure, la première écoute, la première rencontre live avec Korn s'analogisent à une gueule de bois, un uppercut magistral. " Les fans se nourrissent de notre énergie et nous de la leur. Quand on pète les plombs, ils deviennent dingues" (David).

Les fans, justement, restent une des principales préoccupations du groupe même s'il a, paradoxallement, cette attitude froide sur scène. Il lui fait partager néanmoins ses évolutions, l'inclut dans la vie du groupe (Korn TV, chat, Concours de pochettes pour l'album Issues)… Jonathan Davis n'hésitant pas à dire que ce qui le maintient en vie reste sa musique et l'amour du public, même s'il ne le mérite pas. " Beg for me ", " Let's get the party started " mais surtout " 4U " restent le plus bel hommage que Korn ait d'ailleurs signifié à son public. En cette année 2002, ce lien fort avec les fans se retend grâce à un nouveau concours qui permettra au gagnant, choisit par le groupe, de réaliser le clip d'Alone I Break.

2003 arrive avec une récompense: Here To Stay est meilleur clip de métal aux Grammy Awards en février. Pendant que Jonathan travail sur plusieurs projets en solo (le nouveau générique de la série des années 1960 "La Quatrième dimension", son rôle dans Seeing Other People, le jeu vidéo Pop Scars, qui ne verra finalement pas le jour), Head enregistre et tourne avec Limp Bizkit, Munky prépare un projet solo et Fieldy travaille, lui aussi, sur divers projets (avec DJ Lethal, Shavo de System of a Down). En mai, le groupe enregistre une reprise de One de Metallica. En juillet, le single Did My Time, prémice du sixième album, sort. Il figure sur la B.O. du film "Tomb Raider - The Cradle of Life".

A travers le miroir

Novembre 2003, Korn sort son nouvel opus: Take A look In The Mirror, qui est disque de platine un mois plus tard. A cette occasion, le groupe donne un show exceptionnel dans la mythique & minuscule salle du CBGs le 24 novembre. Le groupe reprend alors son exode pour le "Back 2 Basics Tour" via les USA, l'Australie et le Japon et passe une nouvelle fois par l'Europe dont Paris mais aussi par un bon nombre de festivals avant de retourner aux USA pour le Projekt Revolution Tour en compagnie de The Used, Linkin Park , Snoop Dogg, Funeral For A Friend, Downset,...

Les fans, comme d'habitude, ne sont pas en reste: le clip de Right Now est, une nouvelle fois, réalisé par un fan. Le single suivant est, étonnament, Y'all Want a Single. Cette chanson dénonce l'industrie du disque et le clip fait de même: la destruction d'un magasin de disque par une poignée de Korn Kid est entrecoupée de panneaux aux messages "anti-commerciaux" du type "Hit songs on Top 40 are often repeated over 100 times per week" (les premières chansons du Top 40 sont répétées plus de 100 fois par semaine).

Enfin, après 6 albums, KoRn achève son contrat avec Epic/Sony Music le 5 octobre 2004 avec la sortie du premier volume de leur Greatest Hits avant de se lancer dans l'aventure d'une carrière en indépendant. Grâce au KoRnKamp, les fans ont pu tourner des 4 pubs différentes dans le but de rendre l'atmosphère d'avant concert qui leur est si chère afin de promouvoir ce disque... Disque qui inclue les hits du groupe ainsi qu'un remix de "Freak On A Leash" et deux reprises: "Another Brick In The Wall" des Pink Floy et "Word Up" de Cameo. Mais Korn prépare déjà un nouvel album, produit par Rick Rubin (Slayer, RHCP, SOAD...) ainsi qu'un album de reprise.